Quelques outils numeriques permettront aux utilisateurs de sonder leurs affinites au milieu des candidats.
Le large succes rencontre avec l’application Elyze temoigne d’un besoin de reperes politiques, en particulier chez des jeunes, mais souleve de nombreuses questions methodologiques.
L’application Elyze apparai®t comme un outil pour inviter les plus jeunes a participer a l’election presidentielle a venir.
NICOLAS PORTNOI/HANS LUCAS VIA REUTERS
Ces dernieres semaines, des applications d’aide au vote fleurissent sur le web avec une promesse : eclairer La selection des electeurs dans le maelstrom en campagne presidentielle. En rupture avec le caractere fastidieux des programmes politiques, ces outils ludiques s’offrent aux utilisateurs « comme un test de developpement personnel sur un magazine de plage », s’amuse le chercheur CNRS au Cevipof, Thierry Vedel.
Des boussoles technologiques qui ravivent l’interet pour la campagne, alors que quatre Francais concernant dix ne semblent pas Quelques d’aller voter en avril prochain en fonction de une etude une Fondation Jean-Jaures, publiee le 11 janvier.
Mais les algorithmes plus ou moins sophistiques qui determinent nos preferences des individus pour tel candidat ou telle famille politique soulevent des questions methodologiques. « Plusieurs biais qui n’enlevent que dalle a toutes les vertus democratiques des programmes », reprend Thierry Vedel, car « quel que soit https://www.besthookupwebsites.org/fr/kasidie-review le resultat du test, cela provoque une conversation politique en famille ou en famille ».
Elyze, l’application qui veut « reconcilier les jeunes avec le vote »
Depuis le lancement le 2 janvier, l’application Elyze s’est hissee en tete des plateformes de telechargement avec 500 000 utilisateurs en quelques jours. Un engouement de bon augure pour le fondateur Gregoire Cazcarra, qui ambitionne de « reconcilier les jeunes avec le vote ». Presentee comme « le Tinder de la presidentielle » en raison de le interface qui reprend les codes de l’application de rencontre, « Elyze entend faire primer le fond via la forme », corrige le concepteur de 22 ans.
Les propositions des candidats defilent concernant l’ecran des utilisateurs. Parmi elles, « interdire le port du motocross a l’universite », « fixer l’age de depart a la retraite a 65 annees », « embaucher 100 000 nouvelles infirmieres ou infirmiers », mais aussi « aller du nucleaire ». Des mesures issues des ebauches de programme des candidats. L’utilisateur fera glisser vers la droite s’il approuve la mesure, par la gauche en cas de desaccord et vers le bas s’il est dubitatif.
Au fil des questions, l’algorithme affine sa selection et revele alors un classement des potentiels candidats pour qui l’utilisateur pourrait voter. Gregoire Cazcarra tient a l’usage du conditionnel, car « Elyze n’a gui?re vocation a donner une consigne de vote mais simplement a faire triompher le debat de fond i propos des polemiques steriles ».
Pas si simple de se tirer des braises une polemique. Elyze s’est attire les foudres de certains candidats qui estimaient ne pas etre suffisamment representes sur le podium de l’application. Ainsi, Jean-Luc Melenchon a soupconne l’algorithme de beneficier a Emmanuel Macron apres qu’un internaute via Twitter a releve que, en cas d’egalite, le president d’la Republique etait presente en tete. « L’equipe d’Elyze travaille activement a corriger diverses anomalies a partir des retours constructifs », reconnait Gregoire Cazcarra qui precise que « l’application est “apartisane” et independante ».
Des biais demeurent
En bien etat de cause, la fiabilite d’Elyze peut dependre etroitement du nombre de propositions traitees, et donc du temps qu’y consacrent nos utilisateurs. Notre classement qui apparait apres avoir swippe une cinquantaine de propositions n’etant qu’une toute premiere approximation. Plusieurs biais importants demeurent. Aucune hierarchisation des mesures n’est prevue : la legalisation de l’euthanasie et du suicide assiste reste mise sur le meme plan que la reconnaissance du vote blanc et J’ai sortie de l’Union europeenne.
Or, comme le rappelle Thierry Vedel, specialiste des comportements electoraux au Cevipof, « plusieurs electeurs paraissent prets a faire de multiples concessions Afin de une mesure qui leur apparait prioritaire, tel ce fut la situation Afin de Francois Hollande en 2012 avec le mariage pour des couples homosexuels ».
Sur Elyze, le calcul du pourcentage d’adequation avec les mesures d’un candidat reste rudimentaire : un simple ratio entre des propositions acceptees et refusees. Plus largement, Thierry Vedel remet en cause « le postulat de l’electeur rationnel qui minore des raisons emotionnelles ou les marqueurs identitaires qui conduisent a voter pour un candidat ».
Vox Populi, l’indice des populismes du Cevipof
A l’approche du premier tour, les politologues du Cevipof ont egalement devoile votre outil comparatif. Le leur permet d’evaluer le degre de populisme des divers candidats a l’election presidentielle et offre la possibilite aux internautes de se situer avec rapport a eux. Le responsable scientifique du programme, Thomas Vitiello, un pionnier en matiere de systeme d’aide au vote, decrit Vox Populi tel « une vue multidimensionnelle du paysage politique qui transcende le clivage traditionnel entre la droite et la gauche pour integrer l’opposition entre progressistes et conservateurs ».
Ici, le parti pris methodologique differe de celui retenu via les developpeurs d’Elyze. D’abord, l’algorithme se concentre sur une trentaine de questions dites « clivantes », en cela qu’elles permettent de positionner les candidats sur 1 nuancier « populiste ». Les enonces qui circulent concernant Vox Populi relevent plus de conceptions du monde que de reelles mesures. Face a une assertion telle que « Notre mondialisation reste une menace Afin de l’identite francaise » ou encore « les delinquants doivent etre punis plus severement », les utilisateurs ont cinq options possibles allant du parfait accord au total desaccord.
Mais c’est surtout dans la presentation des resultats que Vox Populi se distingue, en fonction de Thomas Vitiello, car « notre echelle du populisme n’est jamais binaire mais englobe differentes composantes allant d’une defiance et des elites jugees corrompues au complotisme lie au Covid-19 en passant par la volonte d’une expression plus directe d’la souverainete populaire ».